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Le commentaire des Pères …

Cette année, le séminaire de Bayonne vous propose des commentaires d’Evangile pour nourrir votre méditation pendant l’Avent. Ainsi, pour chaque dimanche tout au long de l’Avent, retrouvez le commentaire de l’Evangile par un père du séminaire.

Belle année liturgique et bon temps de l’Avent !

 

« Commentaire des Pères » (4/4)

Dans l’Évangile de ce 23 décembre, 4ème dimanche de l’Avent (Lc 1, 39-45), « Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. »

Voilà deux saintes cousines bien célèbres dans l’Évangile : l’une est vieillissante, l’autre toute jeune… Mais elles partagent en commun leur maternité miraculeuse : L’une parce que stérile, l’autre parce que demeurée vierge. Elles témoignent par leur confiance en Dieu, que rien ne Lui est impossible.

Marie, pourtant revêtue de la dignité de Mère de Dieu, va « avec empressement » parcourir environ 150 kilomètres, sans se préoccuper de sa fatigue : Elisabeth, sa cousine a besoin d’elle ? Très bien, elle court à sa rencontre ! Et Marie, quelque 2000 ans après, reste la même : Si nous faisons appel à elle, elle accourt ! Elle n’est certes pas notre cousine, mais elle est bien plus puisqu’elle est notre mère à tous. Et elle demeure toujours avec cette même attention de venir à notre aide en nous apportant son Divin Fils pour nous faire tressaillir d’allégresse et qu’on soit rempli de l’Esprit Saint.

Si Marie porta physiquement le Christ, nous, nous le portons spirituellement par le baptême et nos communions eucharistiques. Nous devons donc à notre tour vivre des « visitations » en portant Jésus en nous et aller au devant de notre prochain, de tout notre prochain pour annoncer la Bonne Nouvelle de notre Dieu à tous qui veut venir nous visiter et mieux encore, nous habiter !

Nous avons à le faire comme Marie, « avec empressement » ! Il nous reste 2 jours…

Par monsieur l’abbé Fournié, professeur de théologie.

 

« Commentaire des Pères » (3/4)

« Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » (Phil 4,4-5) C’est par ces mots de saint Paul que la Messe de ce jour commence, c’est encore ces mots de saint Paul que nous entendrons résonner dans nos oreilles un peu sourdes lors de la deuxième lecture. Quatre fois, quatre fois aurons-nous entendu : « soyez dans la joie ». Et ce n’est pas seulement un conseil que saint Paul nous donne, que dis-je ? saint Paul ? que le Seigneur nous donne ! C’est un ordre ! Mais pourquoi répéter cet ordre ? Parce que le Seigneur est tout proche ! Voilà la raison de la joie : le Seigneur est tout prêt. Nous sommes comme un peuple sans chef qui attend le retour de son Roi ; comme une femme qui attend sur le bord du quai le retour de son fiancé parti en mer ; comme un malade qui attend le médecin qui viendra le guérir ; comme l’esclave qui attend son libérateur ; comme un vase d’argile cassé qui attend quelqu’un pour le réparer ; comme un aveugle qui attend la lumière ; comme un assoiffé qui attend un peu d’eau ; comme des parents attendent le retour de l’enfant perdu ; finalement, comme une femme qui attend son enfant… et dans quelque jour, notre tristesse se changera en joie, dans quelque jour notre désir sera comblé et la joie de notre cœur viendra. Parce que Jésus est notre Joie, et Jésus est tout proche, Il va bientôt venir. Mais pour cela il faut avoir sentit cette attente, il faut, comme les foules de l’évangile d’aujourd’hui, avoir ressenti ce besoin d’un Sauveur, d’un Libérateur, d’un Rédempteur, d’un Roi, d’un Amour, d’un Dieu « qui prenne ma nature et aime tout en moi et même ma faiblesse ».
Mais pour cela, le Seigneur nous appelle à la joie, à lâcher nos pensées tristes, notre orgueil, notre autosuffisance… pour entrer dans la joie. Le risque est parfois de ce laisser envahir par ces pensées de lamentation, ou de mépris de soi, ou d’autoflagellation, ou de perfectionnisme, ou des choses du passé… mais le Seigneur nous appelle à vivre vers l’avant, tendu vers l’avant. Parce que « quiconque s’attache au Royaume des Cieux et regarde en arrière, n’est pas digne de ce Royaume » dit Jésus dans l’Évangile. Cessons de rabâcher notre histoire ou de nous lamenter sur notre passé ou sur ce que nous avons fait ou subit. Marie est tendue vers l’avant dans l’attente de la venue du Sauveur. Et le Seigneur nous appelle à imiter son attitude : à être dans la joie, dans la reconnaissance parce que le Seigneur est proche. Parfois nous sommes un peu comme des petits enfants attachés à nos petits bobos sur lesquels nous nous lamentons sans cesse. Mais cela c’est la tristesse alliée de l’ennemi. Ce n’est pas la tristesse de celui qui regrette sincèrement son péché. Non ici, il s’agit de l’orgueil et, comme l’appellent les Pères, de l’acédie qui nous bloque su nous-mêmes et nous empêche de nous réjouir vraiment. La joie, qu’est-ce que c’est ? C’est un choix profond de l’être, une direction fondamentale de la vie. Tu peux choisir de vivre tristement en boudant toute ta vie sur toi-même, ou alors tu peux reconnaître que la tristesse est, sauf celle qui est selon Dieu d’une vraie contrition des péchés, l’Ennemi. Notre occident est triste – alors qu’il est comblé matériellement, parce qu’il n’attend pas le Sauveur et parce qu’il est replié sur lui-même. À nous de ne pas choisir de rester enfermé dans nos pensées ténébreuses et de contempler l’aurore qui luit à l’horizon. N’est-ce pas ce que font certains pères de famille avec leurs enfants ? Tous se lèvent tôt pour aller contempler au sommet d’une montagne le soleil se lever ! Eh bien notre Père du Ciel voudrait nous donner ce dimanche de sortir de notre tristesse intérieure et d’aller contempler cette joie qui pointe à l’horizon et que Marie nous donnera très bientôt, très bientôt !

Par monsieur l’abbé Boutin.

 

« Commentaire des Pères » (2/4) – Lc 3, 1-6 

À la manière biblique, saint Luc situe le ministère du prophète Jésus en se référant aux rois et aux princes contemporains. Mais ces données historiques, qui sont confirmées par des inscriptions et des chroniques de l’antiquité, servent surtout, ici, à préciser dans quel climat politique et spirituel vont retentir le message de Jean puis celui de Jésus.

Nous sommes en 27 ou 28 de notre ère. Depuis plus de vingt ans la Judée n’est plus qu’une province de l’empire romain. Tibère, l’empereur, est loin, mais le préfet Ponce Pilate administre le pays d’une main de fer. Quant au grand prêtre, Caïphe, qui est en place depuis dix ans déjà, c’est à sa diplomatie et à son astuce qu’il doit d’avoir gardé sa position, plus politique que religieuse.

En Galilée comme à Jérusalem, les flambées de nationalisme sont sévèrement réprimées, et les fils d’Israël, pressurés, humiliés par l’occupant, et sans avenir politique, ne peuvent mettre leur espérance qu’en Dieu. Une sorte de soif spirituelle grandit dans certains groupes de croyants. On entend même parler, à l’époque de Jean-Baptiste, de communautés presque monastiques, regroupant des hommes, des femmes et des jeunes, qui se sont créées çà et là non loin de la Mer Morte, et qui gardent les traditions ascétiques des Esséniens.

C’est alors, nous dit l’Évangile, que « la parole de Dieu fut sur Jean, fils de Zacharie », dans le désert où l’Esprit Saint l’avait poussé. Jean quitte sa longue retraite dans le désert et se met à prêcher dans la région du Jourdain nouvellement peuplée ; et les foules viennent à lui pour se faire baptiser. Le rite du baptême n’était pas, à l’époque, une nouveauté absolue. Divers mouvements religieux le pratiquaient : par exemple, dans la communauté de Qumran, sur les bords de la Mer Morte, des bains quotidiens, réservés aux membres profès, exprimaient leur idéal de pureté morale dans l’attente d’une purification radicale à venir.

Mais par plusieurs traits le baptême proposé par Jean tranchait sur les usages courants. Tout d’abord il était offert à tous, et pas seulement aux membres les plus méritants d’une secte, et il n’était reçu qu’une fois, comme ultime préparation au baptême (plongée) dans l’Esprit Saint que seul le Messie pouvait apporter. Par ailleurs le baptême du Jourdain était donné par le jeune prophète lui-même, au nom de Dieu qui l’avait envoyé. Et surtout, à ses yeux, la conversion était le présupposé indispensable : les disciples ne devaient pas se contenter de proclamer leur idéal par des ablutions rituelles ; il leur fallait se détourner de leur vie pécheresse, s’orienter résolument vers Dieu pour accomplir sa volonté, et se préparer au pardon des péchés qui ne manquerait pas de venir dès que le Règne de Dieu ferait irruption dans le monde.

La force de conviction de Jean était telle qu’elle évoquait irrésistiblement une autre grande voix prophétique entendue cinq siècles auparavant, vers la fin de l’exil à Babylone, et qui criait, de la part de Dieu, un message d’espérance et de conversion : « Frayez dans le désert la route du Seigneur. Tracez droit dans la steppe une chaussée pour notre

Dieu ! » (Is 40,3).

Mais cette route dont parle le prophète, cette route qu’il faut niveler, remblayer, aplanir, où mène-t-elle ? Vers les exilés ? Non pas ; mais vers Jérusalem et la terre des ancêtres. Ce n’est pas une route que les pauvres déblayent pour que Dieu vienne à eux. C’est une chaussée que Dieu lui-même va emprunter avec ses pauvres. Dieu avec eux va traverser le désert ; Dieu avec eux va rentrer au pays, et sa gloire se révèlera. En frayant dans le désert la route de Dieu, les pauvres d’Israël trouveront la route de leur propre liberté.

Et c’est bien cela que Jean le Baptiste annonce à son tour. Il ne dit pas :

« Convertissez-vous afin de décider le Messie à venir » ; il proclame : « Convertissez-vous car Il vient. C’est sûr, c’est imminent, et il faut se mettre en route avec lui.

C’est bien aussi le sens de cet Avent que nous vivons avec toute l’Eglise. Nous préparons la Nativité, nous nous préparons à fêter le Fils de Dieu qui est venu et qui vient sans cesse parmi nous ; car « le Seigneur vient », et il ne cesse de venir. Mais accueillir Jésus, le Messie de Dieu, l’accueillir comme sauveur, c’est accepter de partir avec lui, c’est prendre avec lui le chemin du retour, car s’il vient parmi nous, c’est pour nous conduire au pays de la gloire, c’est-à-dire à l’amour du Père qui est le but du monde et de l’histoire des hommes.

Jésus, Fils de Dieu, vient parmi nous pour repartir avec nous, et notre route avec lui traversera le désert, désert de notre histoire collective ou désert de notre route personnelle. Tous les jours il faudra redresser, remblayer, aplanir ; si bien que notre conversion sera un cheminement, aussi long que le temps du désert pour Israël.

Une chose est sûre, qui déjà peut nous combler de joie, c’est que le Seigneur est là, déjà là, toujours là, dans le désert de la vie où nous essayons tant bien que mal de tracer une route pas trop indigne de Lui qui nous habite. Et l’Eucharistie chaque jour vient nous le rappeler, elle qui est le pain de la route : pour recevoir la force et la lumière il suffit d’ouvrir les mains et les yeux, car le Seigneur vient, et il marche avec nous.

Par monsieur l’abbé Eguiazabal.

 

« Commentaire des Pères » (1/4) – Lc 21, 25-28.34.36

L’évangile de ce premier Dimanche de l’Avent (Lc 21, 25-28.34-36) tourne nos yeux vers le retour glorieux du Christ à la fin des temps. Et Jésus nous invite à ne pas avoir une vie avachie, alourdie par le désordre et les soucis de la vie. Désordre et soucis de la vie qui nous tournant sur nous-mêmes, notre plaisir, le désir d’évasion d’une vie que nous trouvons dure ou vers des préoccupations dont nous n’arrivons pas à nous extraire nous feraient oublier qu’il s’agit de se préparer à sa venue pour le recevoir de tout notre cœur.
Il s’agit de veiller pour attendre le Christ. A quoi pourrions-nous comparer cette veille ? Le bienheureux John Henry Newman nous l’indique:
Savez-vous ce que c’est que d’attendre un ami, d’attendre qu’il vienne, et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles et de vous demander, jour après jour, ce qu’il fait en ce moment, et s’il est bien portant ? Savez-vous ce que c’est que de vivre pour quelqu’un qui est près de vous à tel point que vos yeux suivent les siens, que vous lisez dans son âme, que vous voyez tous les changements de sa physionomie, que vous prévoyez ses désirs, que vous souriez de son sourire et vous attristez de sa tristesse, que vous êtes abattu lorsqu’il est ennuyé, et que vous vous réjouissez de ses succès ? Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là, autant que des sentiments de ce monde sont capables de figurer ceux d’un autre monde.
Il faut coûte que coûte raviver la flamme. Il faut à tout prix renouveler en nous-mêmes ce désir de la venue du Christ.
Le Seigneur est venu à nous par sa naissance, le jour de Noël. Il a paru sur la terre et il a vécu parmi les hommes. Nous croyons aussi qu’il reviendra dans la gloire à la fin des temps. Mais, il y a entre les deux pour ainsi dire sa venue intermédiaire. Jésus vient à nous, de manière cachée. Cette venue, il l’annonce dans l’évangile : Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons en lui. Il s’agit donc d’accueillir le Christ certes en ayant le vif désir de le recevoir, en lui portant un grand amour – comme nous y invite le cardinal Newman-. Mais aussi, en gardant sa Parole. Cette Parole, il nous faut la recevoir au plus profond de notre âme pour la laisser passer dans notre conduite et notre vie.
Cette attente du Christ, c’est aussi attendre son retour glorieux et l’instauration parfaite de son royaume. Cette attente, elle doit donc être marquée par ce que l’on pourrait appeler un surcroît d’intérêt pour le royaume de Dieu. Et ce surcroît d’intérêt va être marqué par le désir d’avoir une vie qui soit toujours plus cohérente avec l’évangile pour témoigner du Christ, par un désir toujours plus vif d’annoncer l’évangile et d’en marquer les réalités de la vie.
Désir vif d’une amitié profonde avec le Christ, accueil de sa Parole dans notre existence, souci de témoigner toujours mieux de l’évangile: c’est ainsi que nous pouvons préparer la venue du Seigneur.
Par monsieur l’abbé Beitia, recteur du séminaire.

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